- ATHANASE D’ALEXANDRIE
- ATHANASE D’ALEXANDRIEÉvêque d’Alexandrie de 328 à 373, Athanase, mêlé à toutes les péripéties de la crise arienne, a joué un grand rôle dans l’évolution du dogme trinitaire.La crise arienneContre Arius qui soulignait la distinction entre Dieu le Père, principe inengendré, et Jésus-Christ, produit par le Père et donc inférieur à lui, le symbole de Nicée, accepté en 325 par le concile du même nom, avait proclamé, sous l’influence conjuguée de théologiens occidentaux et de quelques théologiens orientaux inspirés par Marcel d’Ancyre, que le Fils de Dieu est consubstantiel ( 礼猪礼礼羽靖晴礼﨟) au Père. L’ensemble des théologiens orientaux, conduit par Eusèbe de Césarée, n’avait pas tardé à réagir contre cette notion de «consubstantialité», qui était étrangère à la tradition origénienne chère à l’Église d’Orient. Sans être totalement favorable à Arius, ce mouvement de réaction s’opposa vivement à Marcel d’Ancyre et Athanase, partisans du concile de Nicée, et parvint à gagner les empereurs, notamment Constantin et Constance II, à cette politique religieuse. Toute sa vie, Athanase sera en lutte contre ce parti. Mais de part et d’autre, grâce à une réflexion théologique très poussée, on s’acheminera peu à peu vers une solution qui prendra finalement la forme de la synthèse doctrinale proposée par les théologiens cappadociens. Athanase a joué un rôle important dans cette évolution.La crise arienne a valu à Athanase de mener une véritable vie d’aventure. À l’occasion de ses cinq exils (Trèves, 335-337; Rome-Aquilée, 339-346; désert d’Égypte, 356-361 et 362-363; banlieue d’Alexandrie, 366), Athanase n’a pas seulement dû abandonner sa ville épiscopale, mais il a connu toutes les angoisses d’une vie de proscrit. Malgré cette agitation, il a écrit une œuvre considérable par son contenu théologique, mais aussi précieuse par tous les renseignements qu’elle nous procure sur les événements et les documents conciliaires se rapportant à la crise arienne. Au moment du retour à la paix, après 366, il écrira aussi une Vie de saint Antoine , qui jouera un grand rôle dans la propagation d’un idéal du monachisme auquel certains modèles philosophiques grecs seront intégrés.La théologie d’AthanaseÀ vrai dire, bien que défenseur du dogme de Nicée, Athanase ne s’habituera que peu à peu à la notion de «consubstantiel». Ses premiers écrits, les Discours contre les ariens , préfèrent parler de la parfaite similitude entre le Père et le Fils. Ce n’est qu’à partir de 351 (De decretis synodi Nicaenae ) qu’Athanase prendra vraiment parti en faveur du «consubstantiel» et qu’il affirmera une unité d’être – substance ou hypostase – entre le Père et le Fils. Jamais d’ailleurs il n’admettra, comme son ami Marcel d’Ancyre, une préexistence du Fils au sein du Père inengendré. Pour lui, la génération du Fils, et donc sa distinction d’avec le Père, est éternelle. La génération est à ses yeux une réelle production. Mais elle est un acte de la nature et de la substance divine et non pas seulement le résultat d’une décision de la volonté du Père. C’est précisément parce qu’elle est «naturelle» que la génération est «consubstantielle». Il y a entre le Père et le Fils identité de nature. La force de l’argumentation d’Athanase, ce qui lui a valu son succès, c’est qu’elle se place dans la perspective de la doctrine du salut. L’homme ne serait pas sauvé si le Christ n’était pas pleinement Dieu. En effet, le salut n’est autre que la divinisation de l’humanité; le Verbe de Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. C’est là le centre de la pensée athanasienne. Il y a là une conception très platonicienne du christianisme, qui se manifeste d’ailleurs dans ses écrits apologétiques (Contre les païens et Sur l’Incarnation du Verbe ). L’union du Logos, du Verbe de Dieu avec l’homme Jésus fait que l’humanité tout entière est en quelque sorte «verbifiée» (Contra arianos , III, 33) et ainsi ramenée à la connaissance du monde intelligible, en connaissant Dieu par le Verbe de Dieu lui-même.Athanase est une de ces personnalités historiques qui, presque seules contre leur époque, finissent par faire triompher une idée, donnant un cours nouveau à l’histoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.